samedi 31 mars 2012

Une jeune Rom meilleure apprentie de France

Voilà de quoi se réjouir et de quoi s'agacer, tout à la fois ! Si c'est possible, il faut reconnaître la place des Roms dans la formation et les métiers, en France. Si ce n'est qu'exception, nous donnant bonne conscience, il faut admettre que les Roms sont en général incapables de succès, sauf... Et ça, c'est insupportable.

Une jeune Rom sans papiers 

sacrée meilleure apprentie de France

Cristina Dimitru (c), meilleure apprentie de France, avec son père (d) et Christophe Sauve (g), prêtre des gens du voyage, le 29 mars 2012 au Sénat à Paris
Cristina Dimitru, meilleure apprentie de France,
 avec son père et Christophe Sauvé, prêtre des gens du voyage, le 29 mars 2012 au Sénat à Paris

En décrochant la médaille d'or 2012, Cristina Dimitru marche dans les pas de Linda Mihai, une jeune Rom elle aussi distinguée l'année passée.

Pour la deuxième année consécutive le concours des meilleurs apprentis de France a distingué une jeune femme d'origine rom, Cristina Dimitru, qui remporte la médaille d'or un an après Linda Mihai, dont l'histoire emblématique avait été rendue publique en décembre 2011.

Cristina, 18 ans, qui a passé plus de 18 mois dans une caravane sans eau ni électricité après son arrivée à Nantes en 2005 avec sa famille, avant de pouvoir accéder à des conditions de vie moins rudes, a reçu sa médaille jeudi sous les ors du Sénat à Paris, où se déroulait la remise des prix.

Mais comme Linda Mihai, 21 ans qui était lauréate du concours 2010, en catégorie «pressing» également, à l'heure où elle est distinguée parmi les meilleurs apprentis de France, Cristina n'a pas de papiers. «Même si j'ai beaucoup travaillé, je ne peux pas trouver un travail, ou passer mon permis, ou demander une bourse pour m'inscrire en Bac professionnel», a-t-elle regretté.

Les demandes de régularisation de la famille de Cristina, pourtant insérée - les deux parents travaillant comme saisonniers dans des entreprises de maraichage, et aujourd'hui logés dans un appartement -, ont toutes été rejetées depuis leur arrivée.

Malgré deux ans d'interruption de scolarité, de 2005 à 2007, le temps d'apprendre la langue et surtout d'être dans des conditions matérielles permettant de suivre une scolarité, Cristina a brûlé les étapes et elle a repris directement en 4ème en 2007.

 

«Une envie d'insertion très forte»

Au Lycée professionnel Leonard de Vinci de Nantes, où elle a obtenu en juin 2011 son CAP et qui l'a présentée au concours des meilleurs apprentis de France à l'automne 2011, elle impressionne. «C'est une jeune femme extrêmement volontaire, qui a une envie d'insertion très forte», estime la proviseure du Lycée Florine Durand. «A tel point qu'après son CAP de pressing en juin dernier nous l'avons autorisée cette année à poursuivre en validant son CAP de vente.»

«Il faut relever aussi l'adhésion de la famille de Cristina qui a bien voulu qu'une jeune fille de cette culture puisse avoir ce diplôme et son indépendance», a également souligné Mme Durand.

Cristina a eu 18 ans en décembre et le député socialiste de Loire-Atlantique Dominique Raimbourg, touché par sa détermination, a refait un dossier de demande de permis de séjour pour elle et sa famille fin janvier 2012. «Depuis, plus aucune nouvelle», a-t-il regretté jeudi.

La préfecture de Loire-Atlantique indiquait jeudi matin faire le point sur le dossier.

Début décembre, la lauréate du concours des apprentis 2010, Linda Mihai, avait obtenu son titre de séjour à quelques jours de Noël. Cristina voudrait bien, elle aussi, avoir un tel cadeau, pour Pâques.
(AFP)