mercredi 2 février 2011

Le Bundestag commémore « l'Holocauste oublié » des Roms et des Sintis


C'est un événement ! Par rapport au comportement du gouvernement français, il jure ! Il faut en méditer les conséquences.

Le Bundestag a vécu, jeudi 27 janvier, une séance exceptionnelle. Pour la première fois de son histoire, le Parlement allemand avait invité un représentant de la communauté rom à s'exprimer devant les députés et les membres du gouvernement, y compris Angela Merkel, assise pour l'occasion au premier rang.

Il s'agissait de commémorer « l'Holocauste oublié » : celui dont furent victimes sous le IIIe Reich, entre 250 000 et 500 000 Roms et Sintis sur une population estimée à environ 1 million de personnes. En Allemagne, le 27 janvier - jour anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz par l'Armée rouge en 1945 - est depuis 1996 la Journée nationale de commémoration des victimes du nazisme.

En 2010, c'est le président israélien Shimon Pérès qui était l'invité d'honneur du Bundestag. Cette année, les dirigeants allemands ont voulu mettre au coeur de cette cérémonie Sintis et Roms, victimes, tout comme les juifs, des lois racistes de Nüremberg de 1935.

Longtemps passé sous silence, ce génocide a été reconnu en 1982 par le chancelier Helmut Schmidt qui a, pour la première fois, reçu des membres du Conseil central des Sintis et des Roms d'Allemagne. Alors que 70 000 Roms vivent actuellement en Allemagne avec la nationalité allemande et des milliers d'autres avec une autre nationalité, c'est à un citoyen néerlandais que les autorités ont demandé de témoigner.

« L'Histoire se répète »
Zoni Weisz, 73 ans, des sanglots dans la voix, a raconté l'histoire de son père, de sa mère, de ses soeurs et de son frère, déportés à Auschwitz comme tous les Roms néerlandais en mai 1944. Aucun ne survécut. C'est grâce à la complicité d'un policier néerlandais que Zoni Weisz a pu s'échapper au dernier moment. Devenu fleuriste à la cour royale des Pays-Bas, il a toujours milité pour la reconnaissance du génocide des Roms.

Devant une assistance extrêmement attentive - certains députés avaient du mal à cacher leur émotion -, Zoni Weisz ne s'est pas contenté de parler du passé, mais a dénoncé la situation dont sont à nouveau victimes les Roms en Europe. Il y avait été encouragé par le président du Bundestag, Norbert Lammert qui, en introduction, a indiqué que « la plus grande minorité d'Europe est discriminée ».

Zoni Weisz a affirmé que « l'Histoire se répète », que des restaurants affichent à nouveau des panneaux « Interdit aux Tziganes ». « Sintis et Roms sont traités de manière indigne, en particulier dans bien des pays d'Europe de l'Est, telle la Roumanie ou la Bulgarie », a-t-il dénoncé.

Il s'en est pris également à la France : « Dans certains pays, comme l'Italie et la France, on est à nouveau discriminés, expulsés et on vit dans des ghettos dans des conditions inhumaines. » Pourtant, a-t-il rappelé, « ces hommes sont des habitants de pays membres de l'Union européenne. Ils devraient donc avoir les mêmes droits ».

A la fin de son discours, Zoni Weisz fut longuement applaudi par l'ensemble des députés, debout.

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