Nous reproduisons, ci-dessous, de très larges extraits d'un article paru dans la Gazette des Communes et qui analyse la contribution de la France à la demande de la Commission européenne relative à "l'insertion des Roms" et qui devait lui être adressée avant la fin 2011. Ce texte est intéressant parce qu'il explique en quoi les confusions entre Roms et "Gens du voyage", la philosophie qui sous tend la position française (la seule en Europe à ne pas reconnaître le concept de minorité ethnique) oblige à regarder toutes les personnes vivant dans la précarité, comme identiques ! L'accès au droit commun devient alors un bon moyen de ne changer rien à rien... Le texte remis par le Gouvernement français à Bruxelles, confus et général, mélangeant (c'est inévitable !) les mesures concernant Roms et gens du Voyage révèle une absence de politique et un beau talent d'écriture de la part des rédacteurs ayant à faire avaler une pilule amère.
Adresse de l'article http://www.lagazettedescommunes.com/94265/la-france-a-remis-un-projet-de-strategie-pour-l%e2%80%99inclusion-des-roms-et-gens-du-voyage/
ROMS ET GENS DU VOYAGE
O. Berthelin | Publié le 09/01/2012
Fin décembre 2011, la France a, dans les
délais, remis à la Commission européenne un projet de stratégie pour
l’inclusion des Roms et des gens du voyage. Décevant pour les intéressés
exclus de toute concertation, ce document marque une étape dans le
processus qui, à partir de 2014, devrait aboutir à flécher les fonds
européens vers des actions efficaces.
« La France est un bon élève
administratif ; elle a rendu une note sur sa stratégie nationale en
faveur de l’inclusion des roms et gens du voyage », précise-t-on du côté
de la Commission européenne qui s’apprête à discuter avec le
gouvernement sur l’évaluation des politiques envisagées.
Dans le cadre fixé par l’UE [1],
les services de la commission affichent une ferme volonté de ne
financer que des dispositifs cohérents et solidement évalués. Si dans la
forme, les 24 pages de la note française font pâle figure par rapport
au volumineux dossier accompagné de rapports de groupes de travaux présenté par la petite Finlande, la Pologne ou la Roumanie, [2]
le ministère des Affaires sociales considère cette première
contribution comme un projet et affirme travailler plus en profondeur.
Réaffirmation d’anciens principes -
Ne reconnaissant pas le concept de minorité ethnique, la France axe sa
politique sur l’accès au droit commun des populations qui peinent à
bénéficier de la scolarisation, des soins, du logement et de l’emploi.
Elle ne tient pas compte de l’ethnie et ne prend en compte les roms et les gens du voyage que dans la mesure où ils se trouvent dans des situations précaires ou exclus de dispositifs comme l’école du fait de modes de vies particuliers.
Cette philosophie de l’accès au droit commun, inlassablement et
unanimement rappelée par toutes les commissions nationales consultatives
des gens du voyage depuis le début des années 2000, constitue la
particularité de la contribution française.
Elle est en effet la seule à prendre en compte les gens du voyage dans la stratégie en faveur de l’inclusion des roms.
Elle est en effet la seule à prendre en compte les gens du voyage dans la stratégie en faveur de l’inclusion des roms.
Ce principe n’est nullement contesté par les intéressés qui
revendiquent l’égalité des droits, mais déplorent l’inefficacité de la
plupart des mesures mises en œuvres depuis 30 ans.
Ils réclament de véritables évaluations de chacun des dispositifs listés dans le document. Dans tous les domaines, ils sont pour la plupart jugés intéressants mais insuffisants pour répondre aux besoins.
Ils réclament de véritables évaluations de chacun des dispositifs listés dans le document. Dans tous les domaines, ils sont pour la plupart jugés intéressants mais insuffisants pour répondre aux besoins.
Amertume et défaut de concertation -
Ainsi, le paragraphe consacré à la « politique ambitieuse conduite
depuis le début des années 1990 en matière de logement », déclenche des
réactions amères du côté des responsables des associations de gens du
voyage.
Tant Désiré Vermeersch, président de l’Asnit, que Fernand Delage, vice-président de l’Ufat,
dénoncent le gouffre qui sépare les mots des réalités. « Aujourd’hui
même, des familles sont empêchées d’habiter sur les terrains qui leur
appartiennent depuis plus de 20 ans et qu’ils ont aménagés à leurs
frais. Elles se retrouvent à la rue sans même pouvoir stationner
légalement faute de places », déplore Désiré Vermeersch.
« En matière de scolarisation et d’accès au travail, il n’y a rien de
nouveau et de prometteur dans cette stratégie. Tout ce qui est proposé
là est déjà expérimenté depuis longtemps sans que rien ne s’améliore »,
constate tristement Fernand Delage, en faisant remarquer qu’aucune
association n’a été associée à la réflexion sur cette stratégie.
Déficit de concertation -
Mi-décembre, les services de la Commission européenne craignaient que la
France ne tienne pas ses engagements. Ils étaient en effet associés aux
réflexions et aux processus de concertation dans d’autres pays sans
être informés de l’existence même d’un travail au sein du gouvernement
français.
Celui-ci ne tient d’ailleurs pas à communiquer avant plusieurs semaines sur ce sujet sensible en marges des préoccupations majeures.
Celui-ci ne tient d’ailleurs pas à communiquer avant plusieurs semaines sur ce sujet sensible en marges des préoccupations majeures.
« Un tel défaut de concertation ne serait pas possible avec une autre
catégorie de la population », remarque Stéphane Léveque, directeur de
la Fnasat, fédération d’associations spécialisée mentionnée dans le document sans même en avoir été informée.
S’appuyant sur leurs expériences, aucune des associations n’est convaincue par le paragraphe « Impliquer les acteurs associatifs et la société civile ».
S’appuyant sur leurs expériences, aucune des associations n’est convaincue par le paragraphe « Impliquer les acteurs associatifs et la société civile ».
« Cette stratégie consiste à faire payer par l’Europe des actions qui étaient jusqu’à présent financées par le gouvernement », remarque Paul Lacoste, l’un des porte-paroles de l’association Halem.
Voir le texte du Gouvernement via :
http://www.fnasat.asso.fr/
http://www.fnasat.asso.fr/
[http://www.fnasat.asso.fr/][http://www.fnasat.asso.fr/]
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