Nous reprenons ici un article qui fait débat. Il concerne l'attitude des autorités vis à vis de mendiants. Vieille histoire que la mendicité dans notre pays. Les moines seuls ont-ils, sur notre Terre l'autorisation de mendier ?
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5 janvier 2013.
Par Philippe Alain
On croyait avoir tout vu en ce qui concerne les
pratiques policières françaises contre les Roms. Et bien non, il va
falloir se faire une raison. Après les expulsions et les traques qui ont
repris de plus belle avec Hollande et Valls (1). Après les cyclistes
verbalisés pour pneus lisses (2). Après les enfants violentés,
pourchassés et humiliés par la police (3). Voici le bébé de 12 mois
enfermé pendant plus de 4 heures, accusé d’avoir mendié.
Les faits se passent en cette fin d’année 2012. Mirela (4), Romni
originaire de Roumanie, sollicite la générosité des passants afin qu’ils
lui donnent quelques pièces qui lui permettront d’acheter de quoi
manger pour elle et son enfant. Sa main gauche est tendue, la paume
ouverte vers le ciel, sa main droite tient fermement la poussette de son
enfant de 12 mois.
Mirela vit dans un “camp”, appellation politiquement correcte pour
désigner en réalité, un bidonville qui ressemble aux favelas de Rio ou
d’ailleurs. La France est la cinquième puissance économique au
monde, mais elle est incapable d’intégrer correctement les 15 000 Roms
présents sur son territoire dont la moitié sont des enfants. Comme des
centaines de familles, Mirela n’a nulle part où aller. Le 115 lui répète
inlassablement chaque jour que toutes les places d’hébergement
d’urgence sont occupées. Condamnée à rester dans un bidonville avec son
enfant, elle doit trouver de l’argent pour survivre et n’a pas les
moyens de mettre son bébé à la crèche. Tout le monde pourrait s’en
douter.
Tout le monde, sauf nos chers
policiers-assistantes-maternelles-la-main-sur-le-cœur qui, outrés par la
présence d’un enfant dans la rue décident de prendre le problème à
bras-le-corps et l’enfant sous leurs bras protecteurs. Bien que Mirela
ne fasse que tendre la main aux passants, ils trouvent son attitude
insupportable et contraire aux lois de la république.
Dans la France de Hollande, Valls et Bauer, un enfant rom dans les
bras de sa maman est en effet devenu un danger public. Alors les
policiers vont les emmener manu militari au poste où ils vont humilier,
insulter et menacer la maman.
On lui demande tout d’abord de présenter ses papiers d’identité ainsi
que ceux de son enfant, ce qu’elle fait. La procédure qui suit ne peut
donc pas être une vérification d’identité puisque selon l’article 78-3
du code pénal, « La personne qui fait l'objet d'une vérification ne peut
être retenue que pendant le temps strictement exigé par l'établissement
de son identité ». Alors pour faire bonne figure et justifier les
longues heures d’attente que la maman et son bébé vont passer au poste,
la police va falsifier la vérité et relater par écrit des faits
matériellement impossibles.
Cela ne devrait pas tarder, mais la mendicité n’est pas encore
interdite en France. Un Officier de Police Judiciaire (OPJ) va donc
l’accuser, tenez vous bien, d’avoir « organisé la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit »,
avec cette circonstance aggravante que les faits auraient été commis à
l’égard de son enfant de 12 mois. On croit rêver, mais non, c’est bien
écrit noir sur blanc.
Un bébé de 1 an, ça pleure, ça rit, ça crie, c’est un trésor que l’on
protège et que l’on chérit. On y tient comme à la prunelle de nos yeux,
quand il a mal, on a mal, quand il sourit, on est heureux. Et bien non.
Selon la police, les roms détestent leurs enfants, ils les haïssent
même, au point d’en faire des mendiants, dès l’âge de … 12 mois.
Incroyable, mais vrai, la police français voit vraiment des choses extraordinaire. L’OPJ qui a rédigé le rappel à la loi aurait dû passer un coup de fil au Guinness des records. Un bébé roumain de 12 mois, qui marche, tend la main, parle en
français et court après les passants pour leur demander de l’argent, si
ce n’était pas écrit sur un document officiel de la police, personne n’y
croirait, n’est-ce pas ?
Le rappel à la loi qui est donné à Mirela explique que les faits qui
lui sont reprochés sont passibles de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 €
d’amende (article 225-12-6 du code pénal). Elle est également sous la
menace d’une interdiction de séjour en France d’au mois 10 ans. (article
225-20 et 21 du même code pénal). Magnanime, l’OPJ va quand même
laisser repartir la maman et son enfant plus de 4 heures après leur
arrestation, en précisant bien à Mirela qu’elle sera poursuivie devant
le tribunal si elle commet une autre infraction dans les 3 ans à venir…
On pourrait penser qu’il s’agit là d’un dérapage de quelques
policiers particulièrement zélés, sensibles aux conditions de vie des
enfants roms et qui ont raté leur vocation d’assistante sociale. Pas du
tout. Ce détournement de la loi afin de traquer, de condamner et
d’expulser des familles roms n’est pas nouveau. Il est dans le droit fil
de la politique raciste lancée par Sarkozy contre les Roms et reprise à
leur compte par Hollande et Valls.
Lors de l’été 2011, déjà, des mamans roms qui mendiaient avaient été
arrêtées et séparées de leurs enfants plusieurs semaines. À l’époque,
c’est la « privation de soins » qui avait été évoquée par les policiers,
mais le tribunal de Bobigny avait décider de relaxer les mamans
injustement incriminées. (5)
A l’époque, la police se trouva fort dépourvue quand la sentence du
tribunal fut venue. Un policier en avait les larmes aux yeux: «Le
phénomène n'est pas facile à appréhender. Il existe peu de recours pour
protéger ces enfants. Si la privation de soins n'aboutit pas, notre
champ d'action se retrouve bien restreint». Le policier assistante
maternelle en chef avait prévenu: «Nous n'avons pas l'intention
d'abandonner ces enfants. Si la privation de soins ne fonctionne pas,
nous trouverons autre chose» (6)
Ouf, nous sommes soulagés, ils ont trouvé autre chose : le réseau
mafieux de mendicité organisé par la maman qui force son bébé de 12 mois
à courir après les passants pour leur extorquer de l'argent… Plus c'est
gros, plus ça passe. Après le cancer, la sécurité routière, les
violences faites aux femmes, je propose que l’on érige en grande cause
nationale la protection des enfants roms et que l’on mette sur le coup
tous les policiers de France et de Navarre. Plus sérieusement, au lieu
de se prendre pour ce qu’ils ne sont pas et n’ont jamais voulu être, des
assistantes maternelles, les policiers et leur hiérarchie feraient
mieux de s’occuper de la vraie délinquance qui elle, ne cesse de
progresser.
Le gouvernement qui n’a de socialiste que le nom, ferait mieux pour
sa part de lutter contre la pauvreté plutôt que de pourchasser les
pauvres. Bébés roms qui êtes nés sous une mauvaise étoile, en ce début d’année
traditionnellement consacré aux vœux, la France, le Président Hollande
et son bras armé Manuel Valls vous souhaitent une bonne et heureuse
année 2013… En Roumanie.
(4) le prénom a été changé
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