mercredi 1 mai 2013

Commémorer l'abolition de l'esclavage des Roms.

 


Le 10 mai 2013 a lieu la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une cérémonie officielle se déroulera, comme tous les ans, dans le jardin du Luxembourg, en présence du Président de la République. La loi Taubira du 21 mai 2001 aura été la grande loi mémorielle française concernant la reconnaissance, comme crime contre l'humanité, des traites et des esclavages pratiqués, à partir du XVe siècle, sur certaines populations. Son article 1er précise que « La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité ».

L'esclavage fut bien une réalité historique européenne qui ne se limita pas à la perpétration de la traite négrière transatlantique. Au nombre des abolitions intervenues au XIXe siècle figure l'abolition de l'esclavage des Roms en Roumanie ( Moldavie et Munténie -ou Valachie-). L'Église moldave libéra ses esclaves roms en 1844 et l'Église de Munténie en 1847. L'esclavage, peu après, devint illégal une première fois, dans ces deux principautés, en 1855 et 1856, soit sept à huit ans après l'abolition définitive signée, en France, le 27 avril 1848, au début de la deuxième République, sous l'impulsion de Victor Schoelcher. Réinstauré, l'esclavage des Roms ne fut définitivement aboli qu'en 1864, deux ans après l'unification de la Roumanie. Le lien historique entre ces abolitions transatlatique et européenne est avéré.

L'esclavage oublié des Roms qui dura un demi-millénaire, dès leur apparition dans les principautés pré-roumaines, au milieu du XIVe siècle jusqu'au milieu du XIXe, appartient, à présent, à l'histoire de tous les Européens. Le déni d'un esclavage si long et si brutal n'est plus supportable et pèse encore sur les relations entre les Roms et autres populations européennes, de nos jours. Il est temps d'enseigner et de rappeler à tous les concitoyens de l'Union que ce lointain passé a laissé des traces dans notre présent.

L'abolition de l'esclavage des Roms en Europe a désormais toute sa place dans la commémoration, en France de l'abolition des esclavages, chaque 10 mai.


« Les Européens organisent des sociétés philanthropiques pour l'abolition de l'esclavage en Amérique alors que, sur leur propre continent, 400 000 Tsiganes sont maintenus en esclavage » Kogalniceanu Mihail, Esquisse sur l’histoire, les mœurs et la langue des cigains, connus en France sous le nom de Bohémiens, Berlin,1837. (Texte écrit par un historien roumain qui devint premier ministre de la toute nouvelle Roumanie unifiée, en 1863.)


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