dimanche 23 décembre 2012

Notre vœu pour 2013 : découvrir la sagesse tsigane

Contes des sages tsiganes - Pascal Fauliot, Patrick Fischmann

Contes des sages tsiganes

Pascal Fauliot, Patrick Fischmann

Paris, le Seuil,  Date de parution 01/03/2012, 240 pages - 16.70 € TT

"C’est pour les auteurs un devoir et un honneur que de faire connaître les contes de la sagesse du peuple invisible. Cet éclairage est à même de disperser les maigres arguments de ceux qui comptent sur l’ignorance pour désigner des boucs émissaires.

Les Tsiganes se sont enrichis de toutes les cultures des pays traversés. Ils en ont fait leur miel sans jamais renoncer à leur identité. Musiciens et conteurs hors pairs, ils ont toujours su magnifier les diverses influences dans le creuset de leur génie artistique.

En suivant les épopées de Shokolat, Vaïda et Baxtalo, en allant sur les chemins pour goûter aux mythes des Fils du vent, à l’humour édifiant des errants, nous entrons dans un espace de vérité, découvrons un monde solidaire et une poésie contagieuse. 

Ces récits ne se contentent pas de révéler la vraie nature des Tsiganes. Nous voilà plongés dans nos propres désirs d’une vie de musique, de liberté et de respect où seuls comptent l’instant présent et le partage. Cette sagesse bouscule notre vision du monde et interpelle notre mode de vie".
Nous n'hésitons pas à recommander ce livre que nous proposent les éditions du Seuil au moment où la critique du "mode de vie" des Rroms fonde la romaphobie à l'œuvre tant dans nos villes de France que dans l'Europe tout entière.

jeudi 29 novembre 2012

Amnesty international dénonce et exige...

Un rapport contre les expulsions forcées 

de camps Roms en Ile de France

[29/11/2012]
Dans son rapport « Chassés de toutes parts. Les expulsions forcées de Roms en Ile-de-France », Amnesty International revient sur les politiques d’expulsions forcées de Roms de ces deux dernières années et rappelle l’existence des textes internationaux qui imposent à la France de garantir pour tous « le droit à un logement convenable » dont le corollaire est l’interdiction des expulsions forcées. Amnesty International attend du gouvernement qu’il agisse conformément au droit international. 

Les recherches menées par Amnesty International soulignent les conditions de vie très difficiles de nombreux Roms installés dans des campements informels en France, qui craignent d’être expulsés de force à tout moment. Le rapport met l’accent sur les conséquences désastreuses de ces expulsions à répétition.

Contexte

Chaque année, en France, des milliers de Roms sont victimes d’expulsion forcée des bidonvilles, campements informels et squats qu'ils occupent. La plupart du temps, des familles entières sont ainsi mises à la rue, souvent sans la moindre solution de relogement ou avec la promesse d’un hébergement provisoire et insuffisant.
Chassées de chez elles, privés de toute protection juridique, ces familles se retrouvent dans une situation encore plus précaire car la loi française ne protège pas les personnes contre des expulsions forcées.
Campement de roms à Villeneuve-le-Roi © Amnesty International

Conséquences des expulsions forcées

Demandez au Premier ministre de mettre un terme aux expulsions forcées en France Signez
Ces expulsions forcées à répétition sont traumatisantes et plongent les familles dans des situations critiques. Elles aggravent leur pauvreté, perturbent la scolarisation des enfants, l’accès aux soins et anéantissent toute chance d’intégration et d’insertion sociale.
Dans plusieurs des témoignages recueillis, les familles soulignent la difficulté de scolariser les enfants après une expulsion car elles se retrouvent à la rue, sans accès à l’eau, sans aucune sécurité quant à leurs moyens de subsistance et souvent éloignées de l’école qui scolarisait leurs enfants.
L'exemple de Sonia

Sonia est arrivée en France en 1989, à l’âge de neuf ans, avec sa famille qui tentait d’échapper à la pauvreté et à la discrimination subies en Roumanie. Argenteuil a été leur premier point de chute. Depuis cette époque, ils ont vécu dans des baraques et ont été expulsés sans cesse. En moyenne, ils ont passé de cinq à sept mois à chaque endroit. Les études des enfants de Sonia ont été interrompues par les expulsions successives. Son fils, C., a dû fréquenter trois écoles primaires différentes. Sonia témoigne : « Nous sommes chassés de partout, nous n’avons pas de maison, ce ne sont pas des conditions de vie. J’aimerais qu’il n’y ait plus de racisme ici... Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Depuis que je suis en France, cela devient de plus en plus difficile. »


 

Les expulsions forcées interdites par le droit international

Aux termes du droit international, les expulsions ne doivent être pratiquées qu’en dernier ressort et uniquement après examen de toutes les autres solutions possibles, en réelle concertation avec les occupants touchés. Les autorités doivent les prévenir suffisamment à l’avance et leur proposer des recours juridiques et une indemnisation pour tous les préjudices subis. Elles doivent veiller à ce que personne ne se retrouve sans domicile ni exposé à d’autres atteintes aux droits humains à la suite d’une expulsion. Ces garanties s’appliquent à en toutes circonstances, que les personnes occupent ou détiennent légalement ou non les terrains ou les locaux où elles vivent.

L’exemple de Vasile et Emilia
Vasile et Emilia ont quitté Arad (en Roumanie) il y a une dizaine d’années et sont arrivés en France pour y chercher du travail et offrir un meilleur avenir à leurs enfants, Violeta (19 ans) et sa sœur de 11 ans. Ils ont vécu dans des campements de la région parisienne, notamment à La Courneuve, à Bobigny, à Aubervilliers et ailleurs, près du Stade de France, et en ont été expulsés successivement. Suite aux expulsions, ils ont dû dormir dans la rue ou dans des jardins publics, pendant plusieurs semaines, malgré le mauvais temps, y compris sous la pluie et sous la neige.
« Tout ce que nous voulons, c’est un endroit convenable où vivre, a dit Emilia. Pour le reste, nous pouvons nous débrouiller, nous pouvons vendre du fer ou des câbles dans la rue. La seule chose que nous voulons, c'est de l'eau, des toilettes, juste assez pour vivre. Si nous pouvions avoir l’électricité, nous paierions nos factures ».


Les prémices du changement ?

Le Premier ministre a confié une mission spécifique au délégué interministériel Alain Régnier, ce dernier doit rendre de premières conclusions en fin d’année après avoir organisé des échanges à divers niveaux (comité interministériel, groupe de suivi des associations, représentants des préfectures).  Une circulaire datée du 26 août demande aux préfets de prendre certaines précautions avant l’expulsion d’un campement « illicite ». Les « mesures transitoires » qui freinent l’accès à l’emploi des Roumains et Bulgares ont été assouplies avec augmentation du nombre des métiers accessibles et suppression de la taxe imposée à leurs employeurs, mais les contraintes administratives qui rendent difficile leur accès à un travail légal ont été maintenues. La circulaire du 26 août est insuffisante, des expulsions forcées se poursuivent et les conditions de vie des Roms, restent précaires à quelques semaines de l’hiver.

Amnesty International appelle le gouvernement français et les préfets de France à mettre  immédiatement un terme aux expulsions forcées et de ne plus exécuter les décisions d’expulsion tant que tous les habitants des campements ne disposeront pas de toutes les garanties juridiques internationales destinées à les protéger de ce type de mesure.

 Pour en savoir plus :

Lire notre rapport :
Chassés de toutes parts : les expulsions de Roms en Ile-de-France
Ref : EUR 21/012/2012 novembre 2012

mercredi 12 septembre 2012

Roms : l'interpellation de la majorité gouvernementale

Une pétition de plus ? Non ! La manifestation, plutôt, d'un refus citoyen exemplaire, de la part de ceux qui n'ont pas l'habitude de prendre la plume pour signer n'importe quoi. Le gouvernement se contredit en annonçant une politique et en faisant la même chose, en pratique, que ses prédécesseurs. À moins, ce qui serait pire, qu'il camoufle, sous les mots, une volonté de se débarrasser d'une population qui continue de servir de bouc émissaire.


Roms : la commune humanité bafoué


Le nouveau gouvernement a choisi la continuité avec l’ancien : la politique d’expulsion des camps de « Roms » étrangers continue de plus belle. Aux mêmes motifs. Avec à peu près les mêmes mots, les mêmes images. Avec les mêmes présupposés et les mêmes conséquences. À commencer par l’ethnicisation de familles issues de lieux et d’histoires multiples, qui ne se reconnaissent pas nécessairement de destin commun, sauf celui auquel on les assigne : le cercle vicieux de la misère et de l’exclusion.

Cela, nous ne voulons, nous ne pouvons pas l’accepter. Il y a deux ans, il importait déjà de se dresser en opposition à la politique de stigmatisation et de persécution menée sous la houlette de Nicolas Sarkozy, dans l’esprit du discours de Grenoble, contre les Roms et les gens du voyage. C’est avec la même détermination que nous nous élevons aujourd’hui contre la politique menée aux dépens des Roms sous la responsabilité du président de la République et de son premier ministre par leur ministre de l’Intérieur.

 Manuel Valls renoue en effet avec une rhétorique qui avait mené un de ses prédécesseurs à la présidence de la République, et la République au bord de l’abîme. Or combien sont-ils, ceux qu’on veut expulser? 12 000 ? 15 000 tout au plus ? Sont-ils à ce point une menace pour l’ordre public qu’il faille impitoyablement les déloger sans solution de rechange ?

Si les nouveaux responsables invoquent autant la sécurité que les anciens, ils revendiquent (à l’instar de François Hollande pendant la campagne) un juste milieu entre « fermeté » et « humanité ». Mais qui peut croire que c’est pour leur bien qu’on détruit le lieu de vie de ces migrants ? En tout cas, pas les premiers intéressés. Car ils l’ont vite compris : si l’on se souciait tant de leur bien être, on ne les abandonnerait pas ensuite à leur sort, en oubliant de les reloger. Ils ne font qu’aller un peu plus loin. 

S’ils parviennent à se cacher, c’est au risque d’être encore plus abandonnés à eux-mêmes et privés des droits sociaux les plus élémentaires. Déplacer ainsi les gens, c’est bien sûr redoubler leur précarité, et faire obstacle à la scolarisation de leurs enfants.
Certes, Jean-Marc Ayrault préconise la concertation. Mais sur le terrain (faut-il s’en étonner ?), ces engagements ne sont pas respectés. Des centaines de familles se retrouvent dans des situations inextricables. À Lyon comme à Lille ou à Marseille ou en région parisienne, le travail des associations de bénévoles a été ruiné en quelques heures. En Essonne, plusieurs expulsions de bidonvilles ont eu lieu sur arrêtés municipaux, sans solution de relogement réel. Dans de nombreux départements, trop de communes tentent de ne pas scolariser les enfants Roms.


La majorité gouvernementale croit-elle donc qu’en agitant les peurs sécuritaires, elle échappera au reproche de « laxisme » ? C’est tout le contraire : dans ce domaine, elle n’ira jamais assez loin. La droite, en attendant peut-être l’extrême-droite, fera toujours mieux, c’est-à-dire pire. La gauche gouvernementale le paiera donc cher, y compris dans les urnes. En tout cas, les sondages suggèrent déjà qu’elle n’y gagne rien – pas plus qu’hier la droite au pouvoir. Seul le Front national pourra récolter les fruits de cette politique.

En outre, les concessions au populisme identitaire et sécuritaire ne feront pas avancer le pays dans sa mobilisation citoyenne face à la dictature des marchés et aux destructions d’emploi, bien au contraire. S’en prendre aux Roms ne suffira donc nullement à gagner les suffrages populaires. Cela ne peut que diviser, affaiblir là où il faut rassembler, agir. Singer la droite ? C’est décidément un mauvais calcul.

Il ne suffira pas davantage de renvoyer cette réalité migratoire à son origine – en l’occurrence la Roumanie, ainsi que la Bulgarie. Comme dans de nombreux pays de l’Europe de l’Est, la violence ordinaire vis-à-vis des « Tsiganes » se poursuit et risque de s’intensifier à mesure que la situation économique se dégrade. En même temps, la légitimation par l’État français de leur caractère indésirable ne peut que renforcer ce racisme.

Surtout, plutôt que de faire peser cette migration sur les gouvernements nationaux d’origine, comme l’a fait le ministre de l’Intérieur, il faut faire valoir une responsabilité de l’Union au lieu de mettre en péril l’idéal européen en la réduisant aux politiques néolibérales sans même la caution des droits de l’homme. Bref, il faut que Viviane Reding, commissaire européenne aux Droits fondamentaux, parle haut et fort comme en 2010, et non qu’elle soit réduite au silence face à l’État français.

Nous ne ressentons pas moins d’indignation qu’alors ; en revanche, notre colère est plus grande. Pourquoi changer de Président, sinon pour changer de politique ? Or plus ça change, plus c’est la même chose : les Roms sont encore et toujours pris pour boucs émissaires. Au lieu de jouer à son tour sur les peurs et les ressentiments, ce gouvernement aurait pu faire le pari des valeurs démocratiques : la liberté et l’égalité, pour les Roms aussi. Nous en sommes loin. Après l’éviction de la droite éhontée, on assiste à l’avènement d’une gauche honteuse.

Aujourd’hui, nous voulons donc interpeller la majorité gouvernementale :
Rien ne vous oblige à ce choix. Il est contraire aux principes que vous revendiquez ; pour autant, il n’est pas davantage dans vos intérêts. Votre responsabilité n’en est que plus grande. Nous vous tenons donc comptables aujourd’hui, comme l’histoire vous tiendra comptables demain, de cette banalisation de la xénophobie et du racisme par l’État français, au mépris des leçons du passé et des menaces qui pèsent sur l’avenir.

vendredi 10 août 2012

La trahison

Deux ans après le scandaleux discours de Nicolas Sarkozy, à Grenoble, au sujet des "Roms et gens du voyage", le nouveau gouvernement expulse, à Lille, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Paris (XIXe), Marseille, Lyon, etc... À l'expulsion des terrains s'ajoutent même des expulsions de France par charter (via l'aéroport Lyon Saint-Exupéry).

Toutes les tentatives de justification, dont celle qui consiste à dire qu'il ne s'agit que de l'application de décisions de justice, masquent mal une véritable trahison ! Ou bien Manuel Valls, Ministre de l'Intérieur, désavoue la politique annoncée par le candidat Hollande, ou bien c'est le Président de la République lui-même qui trahit son engagement du 27 mars dernier, pris dans un courrier à Romeurope : "on ne peut continuer à accepter que des familles soient chassées d'un endroit sans solution". Or, c'est le cas.

Nous ne voyons, pour le moment, pas de différence entre la politique Sarkozy-Guéant et la politique Hollande-Valls à l'égard des Rroms. Les politiciens de droite ricanent ou, carrément, se réjouissent. La chasse aux Rroms est rouverte. Au moment où les tensions sociales se développent et où l'Europe subit une régression économique, il est particulièrement dangereux de donner des arguments à ceux qui recherchent des boucs émissaires.

Les questions de fond, dont dépend le sort des familles, n'étant pas abordées, le statu quo conduit à constater l'occupation illicite de lieux de vie, le développement de bidonvilles et l'étalement de la misère sous les yeux de citoyens choqués. On dépose plainte sur plainte. La justice ne peut qu'ordonner l'évacuation des terrains occupés sans droit ni titres. Les Rroms quittent les emplacements qu'ils occupaient, d'eux-mêmes ou contraints, pour aller, au hasard, dans l'angoisse et le stress, s'installer ailleurs, en attente de nouvelles décisions de justice et de nouvelles expulsions.

Quelles sont ces principales questions de fond qu'aucun Gouvernement ne veut ou ne sait aborder ?

- Les 15 millions de Roms d'Europe, à 95% sédentaires, et notamment ceux qui vivent dans les 27, bientôt 28 États, de l'Union européenne, sont-ils, oui ou non, nos concitoyens et, à ce titre, ont-ils les mêmes droits et devoirs que tous les autres Européens ? Si oui, comment en tient-on compte ?

- Les Rroms roumains ou bulgares vivant en France, environ 15 000 personnes, c'est-à-dire 1% des Rroms d'Europe, une faible minorité donc, ont-ils, oui ou non, depuis janvier 2007, comme ressortissants de l'Union européenne, le droit de circuler librement et par conséquent de s'installer, car nul ne se déplace sans avoir à faire halte. Si oui, comment en tient-on compte ?

- Suffit-il de démanteler les bidonvilles pour les supprimer ? Les familles qui ont choisi, depuis souvent des années, de vivre en France, qui y ont pris leurs habitudes et s'y sont fait des connaissances, ne rentreront pas dans leur pays d'origine où ils ont trop souffert. Les autorités françaises ne perdent-elles pas, oui ou non, leur temps et notre argent en tentant d'obliger les familles à repartir vers l'est, de force, ou en les traquant, alors qu'elles finissent presque toujours par revenir ? Si oui, comment en tient-on compte ?

- Les Rroms, notamment les étrangers, ne connaissent la caravane que comme un abri et ne sont nullement nomades ? Pourquoi alors, dans les administrations comme dans les prétoires, les assimiler encore aux "gens du voyage", c'est-à-dire aux Français vivant en habitat mobile ? Allons-nous, oui ou non, enfin comprendre que nous sommes nous-mêmes victimes de confusions, faites entre des populations qui ont une origine historique commune mais qui n'ont pas les mêmes modes de vie ? Si oui, comment en tenir compte ?

- N'y a-t-il pas lieu de nous interroger sur les raisons pour lesquelles il est fait obstacle à l'insertion des Rroms parce qu'ils n'ont jamais connu, au cours des siècles derniers, ni assimilation ni intégration au sein de nos sociétés ? Autrement dit, reconnaissons-nous, oui ou non, la réalité de la diversité humaine et acceptons-nous que certains de nos semblables (qui ne sont pas nos identiques !) aient une culture et une approche du monde différentes de celles qui sont les nôtres ? Si oui, comment en tenir compte ?

- Allons-nous, oui ou non, mettre fin aux mesures transitoires relatives à l'emploi qui, jusqu'au 31 décembre 2013, et peut-être au-delà, condamnent les Rroms au travail au noir, à la mendicité et aux récupérations précaires ? Si oui, comment y parvenir à court terme ?

- Les fausses solutions, qui limitent au démantèlement la suppression des bidonvilles, non seulement déplacent et dispersent les phénomènes sans les régler, mais engendrent des nuisances environnementales et physiques affectant la vie même des familles et notamment des enfants. Allons-nous, oui ou non, sortir du cercle infernal dans lequel nous nous sommes enfermés avec les Rroms en les fragilisant, en les précarisant, au risque de les conduire vers des comportements de survie aberrants voire délictueux ?

"Je souhaite, écrivait encore François Hollande, que lorsqu'un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées". Au-delà du souhait, il y a la nécessité ! Où sont les solutions alternatives proposées ? Si elles ne sont pas prêtes et suffisamment encore étudiées, quand va-t-on commencer à les rechercher, à les travailler, à les examiner avec l'aide des services et des associations qualifiées et bien entendu, avec le concours des intéressés eux-mêmes ? Là est l'urgence et non pas dans la précipitation vers la mise en œuvre de mesures brutales et, in fine, inefficaces.
Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

jeudi 2 août 2012

À quand le changement pour les Rroms ?

Nous pouvions le craindre. Le fait est là : ce n'est pas sous l'impulsion du ministre Manuel Valls que l'insertion des Rroms dans la société française sera recherchée et préparée. Nous n'en continuerons pas moins à manifester notre solidarité avec un peuple qui a le droit de vivre dans toute l'Europe.
Le Collectif de soutien aux familles rroms de Roumanie.
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Collectif National Droits de l’Homme Romeurope
ABCR (Association Biterroise Contre le Racisme) – ALPIL (Action pour l’insertion sociale par le logement)AMPIL (Action Méditerranéenne Pour l’Insertion sociale par le Logement) ASAV (Association pour l’accueil des voyageurs) – ASEFRR(Association de Solidarité en Essonne avec les familles roumaines et rroms) Association Solidarité Roms de Saint-Etienne CCFD-Terre Solidaire (Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement) LA CIMADE (Comité intermouvements auprès des évacués)CLASSES (Collectif Lyonnais pour l’Accès à la Scolarisation et le Soutien des Enfants des Squat) – FNASAT-Gens du voyageHabitat-CitéHors la Rue LDH (Ligue des Droits de l’Homme) –MDM (Médecins du Monde) – Mouvement catholique des gens du voyage MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) – ROMAQUITAINE Rencontres tsiganes RomActions Romeurope 94 Secours catholique (Caritas France)SICHEM (Service de Coopération Humanitaire pour les Etrangers et les Migrants) – Une famille un toit 44URAVIF (Union régionale des associations pour la promotion et la reconnaissance des droits des Tsiganes et des Gens du voyage d’Ile-de-France)
Et le Comité de soutien de Montreuil, le Comité de soutien 92 Sud, le Collectif nantais Romeurope, le Collectif de soutien aux familles rroms de Roumanie, le Collectif Rroms des associations de l’agglomération lyonnaise, le Collectif Romyvelines, le Collectif de soutien aux familles roms de l’agglomération orléanaise, le Collectif des sans-papiers de Melun, le Collectif solidarité Roms et gens du voyage du Nord.


Paris, le 31 juillet 2012

Deux ans après le discours de Grenoble :
À quand le changement ?

« Je souhaite que, lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées. On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution. Cela les conduit à s’installer ailleurs, dans des conditions qui ne sont pas meilleures. »

C’est en ces termes que le Président de la République, François Hollande, alors candidat à l’élection présidentielle, s’était exprimé le 27 mars 2012 lorsque Romeurope l’avait interpellé sur la situation des Roms en France. Cependant, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, annonce la poursuite du « démantèlement de campements », tout en reconnaissant que ce n'est pas une réponse satisfaisante. Les engagements de François Hollande avaient fondé de grands espoirs au sein de l’ensemble des associations et des intéressés eux-mêmes qui attendaient un vrai changement de politique.

Partout en France les évacuations des lieux de vie se poursuivent, comme à Aix en Provence, à Saint Etienne, à la Tronche… sans solutions alternatives, abandonnant à nouveau des hommes, des femmes et des enfants à la rue, dans une précarité toujours plus grande. Ces pratiques actuelles ne sont conformes en rien aux engagements du Président de la République d'un changement de politique plus respectueuse des droits de l’Homme et de la dignité.

Des solutions sont possibles, des expérimentations sont déjà menées par des collectivités territoriales et des associations, et plusieurs sont volontaires pour travailler à des réponses durables et efficaces. Elles n’attendent plus que le soutien de l'Etat.

Le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope et la FNARS demandent donc au gouvernement :
  • l'arrêt de toute évacuation de lieux de vie sans proposition d’hébergement ou de relogement avec un traitement individualisé des situations,
  • l’accès effectif au droit commun : droit à la protection sociale, droit à l’éducation, accès aux soins, et à la protection de la santé.
  • la levée des mesures transitoires qui limitent l’accès au marché du travail et à la formation professionnelle des ressortissants roumains et bulgares de manière discriminatoire (comme vient de le décider l'Irlande). L’accès à un emploi et à la formation professionnelle sont la première des conditions nécessaires à l’intégration de ces ressortissants européens.

Contacts presse :
Lola Schulmann, CNDH Romeurope : 06 35 52 85 46
Stéphane Delaunay, FNARS : 01 48 01 82 32 / 06 18 88 13 30
Céline Figuière, FNARS : 01 48 01 82 06

samedi 5 mai 2012

Les présidentielles 2012 vues par Alexandre Romanès




Alexandre Romanès en a gros sur le cœur. Ça déborde. Il déballe tout ce qui l'a blessé au cours du quinquennat qui s'achève. Le texte est long mais édifiant. La critique politique est féroce. Il faut lire ce pamphlet qu'on l'approuve en entier ou pas. Merci à Médiapart d'avoir recueilli ce témoignage. Que ce document sorte le 6 mai 2012 n'est pas non plus indifférent...

Les riches, c’est une évidence, n’ont pas vraiment le sens du partage.

Mais dans mon enfance, pour la plupart d’entre eux, ils avaient la décence de ne pas étaler leurs richesses.

Aujourd’hui, ils sont fiers d’exhiber leurs belles voitures, leurs beaux vêtements, leurs belles montres et leurs femmes toujours jeunes et belles. Car tous les jours, on nous rabat les oreilles avec la puissance, la richesse et le vedettariat. Tout est fait pour que les pauvres, les ignorants et les faibles deviennent fous.

Le changement d’équipe gouvernementale est souhaitable mais ça ne changera pas grand-chose car le mal est profond.

Une petite fille est arrachée à sa famille d’accueil pour exécuter une loi stupide comme la plupart des lois de ce pays. Les chaussures de l’armée française étaient fabriquées dans une petite entreprise en Mayenne, le ministre Hervé Morin en a décidé autrement, maintenant elles sont fabriquées en Tunisie. Parce que des gamins avaient sifflé la Marseillaise dans un stade, Madame le ministre voulait faire voter une loi, et personne pour lui dire: «Madame Alliot-Marie, quand vous aviez 14-15 ans, est-ce que vous faisiez tout bien ?» Et tous ces gens de gauche et de droite offusqués, parce qu’une centaine de musulmans prient dans la rue, quelle affaire! Les rabbins et les prêtres en rêvent, ce serait la preuve que leurs temples débordent. Je demande à un général: «Un pays qui a des dizaines de réacteurs nucléaires, est-ce défendable ?» Sans hésiter, il me répond: «La France n’aurait qu’une centrale nucléaire qu’elle serait déjà indéfendable».

Tous les jours on nous parle de sécurité. On nous dit qu’il y a trop de morts sur les routes françaises, et c’est vrai, mais où est la cohérence: puisque les autoroutes sont les plus sûres, pourquoi sont-elles payantes? De plus en plus d’automobilistes ne les prennent plus, faute d’argent.

Longtemps, je n’ai pas mesuré l’impact diabolique des programmes de télévision sur les plus nombreux ; c’est-à-dire la jeunesse et les faibles, car si la morale et le goût se sont effondrés dans ce pays, bien aidés par la publicité et la mode, ils y sont pour beaucoup ! De quel droit le pouvoir s’autorise à décider de tout ? Est-ce que les Français votent pour que ces gens décident qui aura le droit de s’exprimer sur les chaînes de télévision ?

La France possède trois assemblées importantes : l’Assemblée nationale –des millions d’hommes et de femmes n’y sont pas représentés mais ce n’est pas grave, ils ont même un argument pour ça. Il y a aussi le Sénat et les chaînes de télévision. Si on croit ce que nous dit cette dernière assemblée, la France c’est trois cents personnes, pas une de plus.

Si ces trois cents hommes et femmes disaient des choses que l’on entend pas à tous les coins de rue, ce serait déjà bien –mais trois cents personnes qui disent toutes la même chose ou qui ne disent rien.
Ils se gargarisent avec l’appellation «Démocratie». Il n’y a aucun risque qu’ils nous disent que la démocratie française est atrophiée, car elle n’empêche ni les injustices, ni les guerres, ni un homme malveillant de conquérir le pouvoir et d’utiliser des moyens illégaux pour le garder.

Pour avoir le droit de se présenter à une élection présidentielle, il faut avoir 500 signatures d’élus. Pourquoi pas cinq mille? Cette exigence n’est pas faite pour éliminer les incapables, car dans tous les gouvernements il y en a. Si Arthur Rimbaud avait dû avoir 500 signatures de la part des lettrés pour publier, il ne les aurait pas eues, d’ailleurs il a publié à compte d’auteur. Pareil pour le Christ avec les religieux, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Dominique de Villepin, Corinne Lepage, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou ne sont pas des petits candidats car des millions d’hommes et de femmes les connaissent. Cette tracasserie administrative n’est qu’un moyen de plus pour garder le pouvoir, comme la notation des juges.

Bien sûr, Nicolas Sarkozy n’a pas rétabli le supplice de la roue ou de la peine de mort. Aujourd’hui, c’est plus subtil, plus feutré, d’où l’importance des programmes de télévision, un soutien inespéré, un formidable anesthésiant.

Car si les gros bataillons qui votent ont un jugement atrophié, c’est une aubaine pour le pouvoir. A l'interpellation d'un journaliste au poète Jean Genet: «Le Président Valéry Giscard d’Estaing vient d’être battu. La droite est désespérée d’avoir perdu le pouvoir», Jean Genet a répondu: «Non, la droite n’est pas désespérée d’avoir perdu le pouvoir, la droite est désespérée d’avoir perdu le contrôle des affaires». Jean Genet a refusé toutes les interviews sur les chaînes de télévision françaises sous prétexte qu’il ne pourrait pas s’exprimer librement.

Que les programmes de télévision tirent l’humanité toute entière par le bas, en aparté, tous les gens raisonnables sont d’accord avec ce jugement. Car, dans toute l’histoire de l’humanité, jamais une machine n’avait mis autant de mensonges, de vulgarité et d’abrutis sur un piédestal.

Michel Drucker consacre un dimanche après-midi à la musique tzigane. Il a trois invités: un Normand, un Breton et un Marocain. Peut-on sérieusement imaginer une émission consacrée à la musique celtique avec pour seuls invités: un Corse, un Alsacien et un Catalan?

Patrick Sébastien programme une soirée de musique gitane. Lors de la semaine de l’enregistrement, il y avait au théâtre des Bouffes du Nord, le remarquable Titi Robin avec son ensemble de musique gitane, superbement ignoré par le présentateur toujours prêt à dénoncer haut et fort les incohérences de la société.

Quand Charles Pasqua était ministre, il voulait supprimer Arte prétextant qu’il n’y avait pas assez d’audience. Il faut croire qu’en France, il n’y avait pas assez d’abrutis, il fallait qu’il y en ait plus. Dans ses premières années d’existence, Arte proposait parfois des soirées intéressantes, mais aujourd’hui, si Arte disparaissait, cela ne serait pas une grande perte.

Le présentateur Laurent Ruquier pose la question à un cinéaste: «Hein, hein, nous vivons une époque merveilleuse car en France il n’y a plus de censure».

Le cinéaste: «Les films qui disent quelque chose n’ont pas de financement».
Si des cinéastes comme Akira Kurosawa, Carl Theodor Dreyer ou Ingmar Bergman avaient vingt ans aujourd’hui, je ne prends pas beaucoup de risques en disant qu’ils n’iraient probablement pas vers le cinéma français.

Nicolas Sarkozy entre dans le palais de l’Elysée, comme par hasard l’émission «Arrêt sur images» n’a plus d’images. Frédéric Taddeï avait l’intelligence et la force d’inviter des hommes et des femmes qu’on ne voyait jamais sur les plateaux de télévision. La sympathique comédienne Miou-Miou, pleine de candeur: «Je ne comprends pas pourquoi je suis là car je n’ai rien à dire». La pauvre n’a pas compris que c’est parce qu’elle n’a rien a dire, qu’elle est là. Frédéric Taddeï n’a plus qu’une émission par semaine.

Grâce à cinq ou six rescapés du sarkozisme, de la trempe d’Emmanuel Todd, le pouvoir peut bien continuer à faire croire aux Français et au monde que sur les chaînes de télévision française la parole est libre.

Je salue Philippe Caubère. Son passage sur une chaîne de télévision a certainement été une erreur de programmation. Il voulait prendre un gars parmi les trois cents et, par erreur, c’est le nom de ce comédien exceptionnel qui est sorti. Il a osé choquer les braves gens, comme aurait dit Georges Brassens « les dragons de vertu », en disant qu’il allait voir les prostituées et que supprimer la prostitution, c’était une bêtise. Et il ajoute: «S’ils veulent vraiment supprimer la prostitution, qu’ils commencent par supprimer la misère et qu’ils donnent du travail à tout le monde. Et pas à payer avec un salaire de misère, car la vie est chère en France». 

Philippe Sollers, grand écrivain: si son attaché de presse perd la vie, à la seconde même, il n’existe plus –il met sur un piédestal un écrivain new-yorkais nullissime et lui, qui est publié et qui a un bureau chez Gallimard, il ignore, comme les soit disantes émissions littéraires sur les chaînes de télévision, l’exceptionnelle poétesse Lydie Dattas, publiée elle aussi chez Gallimard. La maison Gallimard est bien défendue.

L’émission «Apostrophes» est considérée encore aujourd’hui comme la reine des émissions littéraires. Bernard Pivot a donné trois minutes au milieu d’autres invités à l’immense poète Jean Grosjean –40 recueils de poèmes magnifiques aux éditions Gallimard– mais il a invité des dizaines de fois les mêmes imbéciles. Et quelquefois, ils sont seuls sur le plateau.

Jean Grosjean savait tout sur les Juifs et les Arabes car il aimait beaucoup ces deux peuples. Malgré un conflit israélo-arabe qui dure depuis des années, il n’a jamais été invité sur un plateau de télévision pour donner son avis.

Je salue le sage Stéphane Hessel qui a refusé plusieurs émissions. Je suppose qu’il n’a pas voulu être au centre de la fête foraine! Je connais des dizaines d’hommes et de femmes remarquables qui auraient beaucoup à dire. A la question que j’ai posé au sage Pierre Rabhi concernant les responsables politiques, sa réponse était sans équivoque: «ce sont des crétins».

Arno Klarsfeld, conseiller du président de la République nous dit dans l’émission de Thierry Ardisson «A nous les terriens»: «les Tziganes, des mendiants, des voleurs, des prostitués car ils n’ont pas d’élites.»

Si les élites sont des hommes ivres de haine et d’ambition, nous nous en passerons.

Après son brillant exposé pour plaire à ce qu’il y a de pire dans la société, Thierry Ardisson prend le relais et questionne un jeune tzigane incapable d’éviter.

Pour s’attaquer à un pauvre, il faut être au degré zéro de la morale.

Quand Arno Klarsfeld dit: «ils n’ont pas d’élite». S'il avait eu en face de lui Henriette Asséo, elle n’en aurait fait qu’une bouchée, comme je l’ai fait moi même dans l’émission «Café Picouly», enfin quelqu’un de propre. J’aimerai bien ne serait-ce qu’une fois entendre les conseils qu’il donne au président de la République, ça ne doit pas être triste. A part faire la nouba dans les boîtes de nuit et boire des coups, je ne vois pas ce qu’il peut lui apporter.

La France existe à peu près depuis mille ans. Depuis sa naissance elle est en guerre, mais qui veut la guerre? Les ouvriers, les employés de bureau, les femmes de ménage, les chauffeurs de taxi. A qui profitent ces guerres? Par curiosité, ce serait intéressant de calculer combien de générations de Français n’ont pas connu la guerre.

Nicolas Sarkozy était pour la guerre en Irak, mais à l’époque il ne décidait pas. Il a dû attendre d’être président de la République pour satisfaire son instinct de mort. Il avait promis de retirer les soldats français de l’Afghanistan. Il a augmenté les contingents et a donné deux guerres de plus à la France.
Loin d’être désespéré de tout ce sang versé, de tous ces estropiés, de tous ces orphelins; dans un salon près des Champs-Elysées, un verre de champagne à la main, il se pavane au milieu de soi-disant amis. Il nous explique que ces quelques guerres étaient nécessaires comme d’expulser les Tziganes installés en France. Qu’est ce qu’il ne ferait pas pour attirer les électeurs du Front National? Puisqu’il affirme haut et fort qu’il décide de tout depuis cinq ans, il n’est pas exagéré de lui attribuer ces massacres et de dire qu’il a rejoint les plus grands criminels. Mais le parfum nauséabond n’est pas seulement reconnaissable à droite, il peut aussi se retrouver à gauche.

Comme le dit Thierry Lévy, avocat plein de bon sens, «le populisme a quelque chose de rigolo mais quand ces gens arrivent au pouvoir, ils ne sont plus rigolos du tout».

Depuis longtemps déjà, la France est bombardée de lois. Le code civil est complètement fou, plus personne ne s’y retrouve. Ils continuent de voter des lois de folie et, comme elles sont inapplicables, à moins d’être un très grand contorsionniste, on vous tape sur les doigts en vous disant: «vous n’avez pas respecté la loi». Ghandi, qui n’était pas un dangereux révolutionnaire, disait: «quand une loi n’est pas respectable, je ne la respecte pas».

Les lois ont été faites pour protéger, pas pour écraser et empêcher de vivre. Avec toutes ces lois, les hommes et les femmes de ce pays devraient nager dans le bonheur. On en est loin.
Puisqu’on nous impose de vivre dans un océan de lois, une de plus ne changera rien, il serait sage d’en voter une qui interdise aux hommes et aux femmes de triturer du papier dans les bureaux du matin jusqu’au soir.

Xavier Bertrand, ministre de la Santé, veut remettre de l’ordre dans la monstrueuse industrie du médicament, je lui souhaite bien du plaisir.

Tous les jours, ils envoient les CRS pour taper sur les Tziganes qui viennent de l’Est européen et sur des ouvriers qui se battent pour essayer de garder leur instrument de travail; ils feraient mieux d’envoyer les CRS autour des supermarchés pour en interdire l’accès. Car la plupart des aliments qu’ils nous vendent sont trempés dans du poison et, en plus, ils sont chers.

Les centrales nucléaires aussi, c’est du poison; elles n’auraient jamais dû être construites.
Les hommes et les femmes de ce pays ont un besoin urgent d’être aimés. Ils n’ont pas besoin d’être dirigés par des gens ivres de pouvoir et qui ont une calculette à la place du cœur.

Madame Parisot nous dit: «les patrons du CAC 40 vont finir par quitter la France». Quelle perte! Qu’ils s’en aillent.

Dans chaque entreprise du CAC 40, il y a des dizaines d’hommes et de femmes meilleurs qu’eux qui feraient mieux marcher l’entreprise, pour un salaire non obscène. Comme le dit l’écrivain Ernst Jünger, «quand l’époque est pourrie, il faut se mettre à l’écart».

Mais où faut-il aller pour échapper au nucléaire et à l’extrême droite?

Dans la surenchère démagogique, Marine Le Pen ne donne pas sa part au chien. Elle est plus dangereuse que son père. Elle est moins lourde, plus habile, mais pas plus humaine. Concernant l’intervention militaire de la France en Libye, elle ironise sur la dépense mais pas un mot sur les milliers de morts, après tout ce ne sont que des Arabes. Mais elle a de la tendresse pour Vladimir Poutine, un homme couvert du sang des Tchétchènes et des Russes. Avec l’extrême droite, c’est toujours la même histoire qui recommence, les hommes et les femmes ne comptent pas; ce qui compte, c’est la grandeur du pays et sa force. Les Tchétchènes ne sont qu’un petit peuple sur un petit territoire, rien à voir avec l’ogre russe.

Nos dirigeants s’offrent des sondages coûteux avec notre argent pour savoir si les risettes et la danse du ventre qu’ils nous font servent efficacement leurs ambitions.

Très utile aussi le secret défense, car il se l’accorde généreusement. Il disait l’Afrique n’est pas encore entrée dans l’histoire, je lui laisse son appréciation. Ce pauvre homme est tellement ignorant. Une chose est sûre, ce que la France a fait à l’Afrique et qu’elle continue de faire, les Africains ne sont pas près de l’oublier.

Il paraît qu’il a de l’énergie à revendre, peut-être, mais si c’est vrai, quel gâchis, car il ne sait pas où il va.

Au lieu de tout faire pour augmenter les libertés, réduire les injustices et stopper l’immense dégradation morale, il l’encourage. Il apporte sa pierre à l’édifice.

L’admiration qu’il porte aux riches, aux puissants et aux vedettes nous montre une misère morale. Au palais de l’Elysée, il organise des fiestas pour ses amis vedettes presque tous fiscalement domiciliés à l’étranger. Pour Nicolas Sarkozy, le palais de l’Elysée aura surtout été un marchepied pour avoir plus, comme le stade de France pour Johnny Halliday. Apparemment, ces deux hommes ne savent pas que d’un point de vue moral, le palais de l’Elysée et le stade de France, ce n’est rien du tout.

Les tribus tziganes et gitanes sont des sociétés matriarcales. Nous avons une médecine qui guérit presque tous les cancers. L’égalité entre hommes et femmes, nous l’avons réalisée dans la nuit des temps. Le travail nous intéresse si c’est un plaisir, autrement nous n’en voulons pas. L’école de la République devrait être un plaisir aussi, nous n’en voulons pas non plus car les cours sont trop longs et souvent trop bébêtes.

Nous enverrons nos enfants à l’école quand les vôtres s'y rendront en chantant. Ce n’est pas pour demain.

Pour ce qui est de la réussite sociale, nous n’en voulons pas non plus car, dans la vie, il y a mieux à faire. La mode des tissus coupés en quatre pour le déguisement, les compétitions comme la guerre réunissent tout ce qui est détestable, une honte pour le genre humain.

Nos origines indiennes sont lointaines. Depuis longtemps déjà, nous sommes un peuple européen. Ce serait bien que l’on arrête de nous faire subir un traitement que l’on n’oserait pas imposer à un chien. Dans l’Est européen, nous sommes tués dans la rue, nos filles de quatorze ans sont stérilisées de force et il est impossible de trouver du travail. A qui peut-on faire croire que les dix ou douze mille Tziganes, chiffres officiels, qui viennent de l’Est européen, c’est un problème pour la France.

En France, nous les Tziganes français, nous ne pouvons plus voyager. Nous sommes parqués dans ce qu’ils appellent pudiquement des aires de stationnement et nous sommes montrés du doigt. Ils s’imaginent peut-être que l’on peut tracter des caravanes de 3 tonnes avec une Clio.

Depuis quand le gars de l’Elysée est contre les belles voitures, les beaux vêtements et les belles montres. Ce monsieur a été pendant cinq ans la vedette d’une histoire pitoyable, il ne sait pas qu’il peut y avoir de la noblesse à perdre une élection. Noblesse, un mot hors de son entendement.
Je me demande aussi ce qui pousse un homme dans la force de l’âge et normalement constitué à rechercher en priorité les massacres, l’injustice et la pacotille et à nous obliger, nous les Tziganes, à danser la danse du diable. Malheureusement, je n’ai pas la réponse.

Qui sait peut-être que l’humain est tout simplement inachevé.

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/050512/je-prefere-les-roses-la-patrie

samedi 31 mars 2012

Une jeune Rom meilleure apprentie de France

Voilà de quoi se réjouir et de quoi s'agacer, tout à la fois ! Si c'est possible, il faut reconnaître la place des Roms dans la formation et les métiers, en France. Si ce n'est qu'exception, nous donnant bonne conscience, il faut admettre que les Roms sont en général incapables de succès, sauf... Et ça, c'est insupportable.

Une jeune Rom sans papiers 

sacrée meilleure apprentie de France

Cristina Dimitru (c), meilleure apprentie de France, avec son père (d) et Christophe Sauve (g), prêtre des gens du voyage, le 29 mars 2012 au Sénat à Paris
Cristina Dimitru, meilleure apprentie de France,
 avec son père et Christophe Sauvé, prêtre des gens du voyage, le 29 mars 2012 au Sénat à Paris

En décrochant la médaille d'or 2012, Cristina Dimitru marche dans les pas de Linda Mihai, une jeune Rom elle aussi distinguée l'année passée.

Pour la deuxième année consécutive le concours des meilleurs apprentis de France a distingué une jeune femme d'origine rom, Cristina Dimitru, qui remporte la médaille d'or un an après Linda Mihai, dont l'histoire emblématique avait été rendue publique en décembre 2011.

Cristina, 18 ans, qui a passé plus de 18 mois dans une caravane sans eau ni électricité après son arrivée à Nantes en 2005 avec sa famille, avant de pouvoir accéder à des conditions de vie moins rudes, a reçu sa médaille jeudi sous les ors du Sénat à Paris, où se déroulait la remise des prix.

Mais comme Linda Mihai, 21 ans qui était lauréate du concours 2010, en catégorie «pressing» également, à l'heure où elle est distinguée parmi les meilleurs apprentis de France, Cristina n'a pas de papiers. «Même si j'ai beaucoup travaillé, je ne peux pas trouver un travail, ou passer mon permis, ou demander une bourse pour m'inscrire en Bac professionnel», a-t-elle regretté.

Les demandes de régularisation de la famille de Cristina, pourtant insérée - les deux parents travaillant comme saisonniers dans des entreprises de maraichage, et aujourd'hui logés dans un appartement -, ont toutes été rejetées depuis leur arrivée.

Malgré deux ans d'interruption de scolarité, de 2005 à 2007, le temps d'apprendre la langue et surtout d'être dans des conditions matérielles permettant de suivre une scolarité, Cristina a brûlé les étapes et elle a repris directement en 4ème en 2007.

 

«Une envie d'insertion très forte»

Au Lycée professionnel Leonard de Vinci de Nantes, où elle a obtenu en juin 2011 son CAP et qui l'a présentée au concours des meilleurs apprentis de France à l'automne 2011, elle impressionne. «C'est une jeune femme extrêmement volontaire, qui a une envie d'insertion très forte», estime la proviseure du Lycée Florine Durand. «A tel point qu'après son CAP de pressing en juin dernier nous l'avons autorisée cette année à poursuivre en validant son CAP de vente.»

«Il faut relever aussi l'adhésion de la famille de Cristina qui a bien voulu qu'une jeune fille de cette culture puisse avoir ce diplôme et son indépendance», a également souligné Mme Durand.

Cristina a eu 18 ans en décembre et le député socialiste de Loire-Atlantique Dominique Raimbourg, touché par sa détermination, a refait un dossier de demande de permis de séjour pour elle et sa famille fin janvier 2012. «Depuis, plus aucune nouvelle», a-t-il regretté jeudi.

La préfecture de Loire-Atlantique indiquait jeudi matin faire le point sur le dossier.

Début décembre, la lauréate du concours des apprentis 2010, Linda Mihai, avait obtenu son titre de séjour à quelques jours de Noël. Cristina voudrait bien, elle aussi, avoir un tel cadeau, pour Pâques.
(AFP)

lundi 27 février 2012

Les droits de l’homme des Roms et des "Gens du voyage" en Europe

http://www.coe.int/t/commissioner/News/2012/120227RomaReport_fr.asp


Les Roms et les Gens du voyage subissent un racisme flagrant dans l’Europe d’aujourd'hui


Bruxelles, 27/02/12  – « Dans nombre de pays européens, les Roms et les Gens du voyage sont toujours privés de droits de l’homme essentiels et souffrent d’un racisme flagrant. Ils restent nettement défavorisés par rapport aux autres groupes en matière d’éducation, d’emploi, d’accès à un logement décent et de santé. Leur espérance de vie moyenne est plus courte et leurs taux de mortalité infantile sont plus élevés que ceux d’autres groupes », a déclaré le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg, en publiant aujourd’hui le rapport intitulé « Les droits de l’homme des Roms et des Gens du voyage en Europe ».

Ce rapport est le premier à donner un aperçu complet de la situation des droits de l’homme des Roms et des Gens du voyage dans les 47 États membres du Conseil de l’Europe. Les Roms et les communautés minoritaires apparentées constituent la minorité la plus nombreuse et la plus vulnérable d’Europe.



Il ressort du rapport que l’antitsiganisme continue d’être répandu. Des dirigeants publics, des médias et des groupes extrémistes actifs sur internet ont ouvertement tenu un discours de haine à l’encontre des Roms et des Gens du voyage. Dans certains cas, ces propos ont été interprétés comme un encouragement à des actes violents.

« Ce climat enferme les Roms et les Gens du voyage dans une logique d’inégalité, d’exclusion, de ségrégation et de marginalisation. Les élus doivent donner l’exemple en respectant et en défendant les droits de l’homme de chacun. »

Le rapport s’intéresse à des thèmes spécifiques, tels que l’antitsiganisme ; la violence raciste ; le comportement des forces de l’ordre et des autorités judiciaires ; les stérilisations forcées et le retrait d’enfants de la garde de leurs parents biologiques ; les droits économiques et sociaux ; l’apatridie et la liberté de circulation. Le rapport souligne également l’importance de développer la participation des Roms et des Gens du voyage à la vie publique et aux processus décisionnels.

« Le problème de l’apatridie et de l’absence de documents personnels, qui touche des milliers de Roms en Europe, est l’un de ceux qui appellent une action urgente et déterminée, car ces personnes sont privées de droits essentiels, tels que l’éducation, les soins de santé, l’assistance sociale et le droit de vote. »

Dans le rapport sont mentionnées un certain nombre de mesures concrètes qui pourraient être prises par les gouvernements ; par exemple, il serait souhaitable de donner à la police une formation ciblée pour prévenir les comportements répréhensibles, de mettre fin à la ségrégation dans le système scolaire et d’améliorer la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants des communautés de Roms et de Gens du voyage. Le Commissaire recommande aussi de créer des « commissions de vérité » – une initiative qui, dans l’idéal, devrait être européenne – pour établir les faits historiques concernant les atrocités commises contre le peuple rom.

« J’espère que ce rapport favorisera un débat constructif sur les politiques à l’égard des Roms et des Gens du voyage en Europe et en particulier sur ce qu’il conviendrait de faire afin de mettre un terme à la discrimination et la marginalisation dont ils souffrent et de faciliter leur intégration sociale. »

Un résumé du rapport est également disponible en français et romani.

Lien vers la page web thématique du Commissaire sur les droits de l’homme des Roms et des Gens du voyage