jeudi 22 septembre 2011

Ils n'en peuvent plus. Et nous non plus !

Communiqué du 22 septembre 2011

Ils n'en peuvent plus. Et nous non plus ! C'est d'ailleurs le but recherché ! C'est une forme de guerre qui est faite aux Rroms du Val d'Oise, comme ailleurs. Et il n'y a pas de guerre sans mort. Une mort lente, peut-être, mais une mort sociale, sûrement. Quand on ne peut vivre nulle part, on est condamné à mort.

C'est donc reparti sur la Butte de Montarcy, à Méry-sur-Oise : expulsion, pluie d'OQTF, pressions exercées pour obtenir des retours « volontaires » en Roumanie... Partout, dans le Val d'Oise, Deuil, Montmagny, Saint-Ouen- l'Aumône, Méry-sur-Oise, de nouveau, comme ce fut le cas, par le passé encore proche, à Argenteuil, Sarcelles, Neuville-sur-Oise, Éragny-sur-Oise, Groslay... Toutes les tentatives des Rroms pour s'installer quelque part ont été vouées à l'échec.

Voilà donc des Européens interdits de séjour en Europe ! Voilà donc des familles, avec de jeunes enfants, personæ non gratæ (malvenues) chez nous, en France ! L'an passé, on a utilisé des rames de RER (en Essonne), il y a quelques semaines des tramways (en Seine-Saint-Denis), ces moyens de transport de la RATP, sans que le personnel concerné ait rien eu à dire, (réveillant, au passage, de sinistres souvenirs, ceux des rafles de 1942 !), afin d'« éloigner » les Rroms, et sans oublier de détruire, immédiatement, leur bidonville. On stresse, sciemment, ces familles en détresse, en les chassant, constamment, sans leur dire où aller, sinon là d'où elles se sont enfuis.

Quitte à rabâcher, à marteler, nous ne cesserons de demander : quelle est la part, fut-elle petite, de la misère du monde que nous acceptons, de prendre en charge ? Pas en en comptant sur la ville voisine pour faire ce que nous nous refusons à faire. Non ! En fixant des objectifs, limités peut-être mais précis, pour notre solidarité. Personne ne veut d'un bidonville ! Nous en avons connu de gigantesques au cours du siècle dernier. Ils ont été résorbés en logeant des Portugais, des Algériens, infiniment plus nombreux. Ce n'est pas en abandonnant une population qu'on supprime les bidonvilles. Pire : l'expulsion permanente engendre de la délinquance et tout le monde en souffre.

Politique à courte vue, impitoyable et stupide ! On mobilise de lourdes forces de police, sans résultat. On gâche l'argent public en payant des retours pour « faire du chiffre », mais les intéressés évidemment reviennent, pour les raisons qui les ont fait partir. On laisse nos semblables vivre dans des conditions indignes auxquelles, quoi qu'on entende dire, ils ne se résignent pas : sans eau, sans latrines, sans poubelles (ou, quand il y en a, très rarement ramassées !), sans scolarisation, sans suivi médical, sans ressources (autres que ce que procurent le travail au noir, la vente à la sauvette, la mendicité ou la rapine !). On taxe les contrevenants qui voyagent sans payer leur train, ou dans des véhicules en mauvais état. On s'acharne. On cherche à dégoûter, à écœurer, à endetter, à sanctionner toute conduite délictueuse..., et il n'est pas difficile d'en constater. Et tout cela, en vain. Aucune solution ne se trouve seulement dans la répression !

Comment sortir de cette impasse ? Les préfectures sont vivement incitées à ne rien passer aux Rroms. Le nouveau président de l'OFII, Arno Klarsfeld, vient de le reconnaître sans vergogne. Aucune politique d'accueil n'est envisagée. On tente de dresser les populations contre les occupants de ces bidonvilles qui, certes, nous font honte mais qui, même détruits, brûlés, éradiqués, sont tout de suite remplacés par d'autres bidonvilles, élevés à la hâte, pour survivre, se protéger de la pluie, du froid, du vent et... dormir.

Nous en appelons à l'intelligence de nos concitoyens. Oui, les Rroms, dans le Val d'Oise, en Ile de France, ont de très mauvaises conditions de vie. Mais faut-il encore les aggraver ? Où cela nous conduit-il ? Ne pleurons pas sur les morts dans des incendies, ou sur la détresse des enfants, en observant, passivement, un drame qui nous dépasserait. Nous sommes devant l'un des trous béants d'une politique désespérante. Ouvrons les yeux pour n'y pas chuter. Un monde sans hospitalité est un monde de haine. Avec les Rroms, nous résisterons.

Avec le soutien et la participation d’ASET 95, A.T.D Quart Monde,

la Ligue des Droits de l’Homme et le Secours Catholique.


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