mardi 10 janvier 2012

Stratégie du gouvernement français pour l’inclusion des Roms


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ROMS ET GENS DU VOYAGE

Fin décembre 2011, la France a, dans les délais, remis à la Commission européenne un projet de stratégie pour l’inclusion des Roms et des gens du voyage. Décevant pour les intéressés exclus de toute concertation, ce document marque une étape dans le processus qui, à partir de 2014, devrait aboutir à flécher les fonds européens vers des actions efficaces.

« La France est un bon élève administratif ; elle a rendu une note sur sa stratégie nationale en faveur de l’inclusion des roms et gens du voyage », précise-t-on du côté de la Commission européenne qui s’apprête à discuter avec le gouvernement sur l’évaluation des politiques envisagées.

Dans le cadre fixé par l’UE [1], les services de la commission affichent une ferme volonté de ne financer que des dispositifs cohérents et solidement évalués. Si dans la forme, les 24 pages de la note française font pâle figure par rapport au volumineux dossier accompagné de rapports de groupes de travaux présenté par la petite Finlande, la Pologne ou la Roumanie, [2] le ministère des Affaires sociales considère cette première contribution comme un projet et affirme travailler plus en profondeur.

Réaffirmation d’anciens principes - Ne reconnaissant pas le concept de minorité ethnique, la France axe sa politique sur l’accès au droit commun des populations qui peinent à bénéficier de la scolarisation, des soins, du logement et de l’emploi.

Elle ne tient pas compte de l’ethnie et ne prend en compte les roms et les gens du voyage que dans la mesure où ils se trouvent dans des situations précaires ou exclus de dispositifs comme l’école du fait de modes de vies particuliers.
Cette philosophie de l’accès au droit commun, inlassablement et unanimement rappelée par toutes les commissions nationales consultatives des gens du voyage depuis le début des années 2000, constitue la particularité de la contribution française.
Elle est en effet la seule à prendre en compte les gens du voyage dans la stratégie en faveur de l’inclusion des roms.

Ce principe n’est nullement contesté par les intéressés qui revendiquent l’égalité des droits, mais déplorent l’inefficacité de la plupart des mesures mises en œuvres depuis 30 ans.
Ils réclament de véritables évaluations de chacun des dispositifs listés dans le document. Dans tous les domaines, ils sont pour la plupart jugés intéressants mais insuffisants pour répondre aux besoins.
Amertume et défaut de concertation - Ainsi, le paragraphe consacré à la « politique ambitieuse conduite depuis le début des années 1990 en matière de logement », déclenche des réactions amères du côté des responsables des associations de gens du voyage.

Tant Désiré Vermeersch, président de l’Asnit, que Fernand Delage, vice-président de l’Ufat, dénoncent le gouffre qui sépare les mots des réalités. « Aujourd’hui même, des familles sont empêchées d’habiter sur les terrains qui leur appartiennent depuis plus de 20 ans et qu’ils ont aménagés à leurs frais. Elles se retrouvent à la rue sans même pouvoir stationner légalement faute de places », déplore Désiré Vermeersch.

« En matière de scolarisation et d’accès au travail, il n’y a rien de nouveau et de prometteur dans cette stratégie. Tout ce qui est proposé là est déjà expérimenté depuis longtemps sans que rien ne s’améliore », constate tristement Fernand Delage, en faisant remarquer qu’aucune association n’a été associée à la réflexion sur cette stratégie.

Déficit de concertation - Mi-décembre, les services de la Commission européenne craignaient que la France ne tienne pas ses engagements. Ils étaient en effet associés aux réflexions et aux processus de concertation dans d’autres pays sans être informés de l’existence même d’un travail au sein du gouvernement français.
Celui-ci ne tient d’ailleurs pas à communiquer avant plusieurs semaines sur ce sujet sensible en marges des préoccupations majeures.
« Un tel défaut de concertation ne serait pas possible avec une autre catégorie de la population », remarque Stéphane Léveque, directeur de la Fnasat, fédération d’associations spécialisée mentionnée dans le document sans même en avoir été informée.
S’appuyant sur leurs expériences, aucune des associations n’est convaincue par le paragraphe « Impliquer les acteurs associatifs et la société civile ».

« Cette stratégie consiste à faire payer par l’Europe des actions qui étaient jusqu’à présent financées par le gouvernement », remarque Paul Lacoste, l’un des porte-paroles de l’association Halem.

Voir le texte du Gouvernement via :
http://www.fnasat.asso.fr/

http://www.fnasat.asso.fr/
[http://www.fnasat.asso.fr/][http://www.fnasat.asso.fr/]

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