mercredi 16 février 2011

Sarcelles : l'expulsion des Rroms en questions !

Un jour, on veut faire expulser les Rroms, par décision de Justice.
Le lendemain, on prétend ne pas le vouloir !

La ville de Sarcelles, dans le texte même de l'assignation dont dispose les avocats, a bien exprimé une demande d'expulsion.
Mais le Tribunal de Pontoise a reporté son audience du 16 février au 16 mars 2011 et l'affaire, ainsi retardée, fait grand bruit dans la presse, qui s'interroge : "Roms, sept mois après , rien n'est réglé" (Le Parisien, édition du Val d'Oise (pp. 1 à 3).
Alors on tente de dire qu'on veut une concertation et pas une expulsion.

Mais regardons les faits.

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Le 16 février : lu dans
http://www.vonews.fr/article_12603
Expulsion de Roms : La LDH 95 dénonce « la stratégie du double langage » de la gauche

Mercredi, le tribunal de Pontoise examinera la demande d’expulsion d’un campement de Roms installé à Sarcelles. Les deux référés qui seront débattus au TGI ont été déposés par la communauté d’agglomération Val de France et la mairie de Sarcelles, toutes deux dirigés par des élus socialistes. Dans un communiqué, la Fédération départementale de la Ligue des Droits de l’Homme du Val d’Oise se dit « indignée de ce double langage alors que la trame d’un drame humanitaire se joue à Sarcelles. » Une réaction d’autant plus vive que la gauche était montée au créneau après les propos tenus par le gouvernement l’été dernier.


 « Alors qu’elles se sont émues aux propos xénophobes du pouvoir à l’encontre des Rroms, envisageant même de demander la tenue d’une table ronde dans notre département pour trouver des solutions à l’accueil dans la dignité de cette population particulièrement stigmatisée et précarisée, la communauté d’agglomération Val de France et la mairie de Sarcelles, chacune de leur côté, demandent l’expulsion de quelques dizaines de personnes par deux référés qui seront débattus au TGI de Pontoise le 16 février, assortissant, leurs demandes de sanctions pécuniaires » expose la Ligue des Droits de l’Homme 95. Une attitude qu’elle condamne fermement. Surtout que le camp concerné est important.

« 800 personnes dont 150 à 200 enfants »
concernés

« Il ne s’agit pas d’expulser moins de 50 personnes, car le campement, dont il est question dans les demandes d’expulsion, est fort d’environ 800 personnes dont 150 à 200 enfants qui vivent dans des baraques de fortune en bois et en carton dans le dénuement le plus complet », précise la LDH.

Alors que dans les demandes d’expulsion les deux collectivités mettent en avant des conditions de vie « dangereuse et contraire à l’hygiène », l’association voit « une atteinte caractérisée aux droits fondamentaux et à l’humanité toute entière, et surtout un manque de courage politique » en les envoyant « sur les routes, avec un maigre bagage, vers un autre campement tout aussi misérable. »

La Fédération départementale de la Ligue des Droits de l’Homme du Val d’Oise demande d’urgence la tenue d’une table ronde avec tous les acteurs responsables du département « pour trouver des solutions adaptées à cette situation qui, si elle persiste, aura des conséquences dramatiques. »

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Puis, le 17 février :
http://www.vonews.fr/article_12624
Camp de Roms à Sarcelles : « L’expulsion n’est pas la solution »

À Sarcelles, un camp de Roms relance la polémique de l'été dernier. Des communes socialistes environnantes réclament aujourd'hui l'expulsion de ce bidonville où vivent 1000 personnes dont 250 enfants depuis 8 mois. Les acteurs de terrain demandent des solutions d'accueil pour ces populations. Un désir également relayé par le maire PS de Sarcelles, François Pupponi, qui souhaite une table ronde sur le sujet, notamment avec le gouvernement. La justice tranchera le 16 mars prochain sur le renvoi ou non de ces populations vers leur pays d'origine, la Roumanie. Les réactions en vidéo de Jean Claude Vitran, président de la Ligue des droits de l'homme dans le Val d'Oise, et du maire de Sarcelles.
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Alors, qu'en est-il ?
On ment, car on ne peut, à la fois, vouloir la concertation et l'expulsion.

Et voici que la presse, nationale et internationale, dans ce contexte de relance de la question rom, se rend sur le campement de Sarcelles, et qu'y découvre-t-elle ?

• que serait aménageable le terrain, isolé, en bordure de voie ferrée, bitumé, disposant d'un point d'eau, n'ayant qu'une voie d'accès, clos donc, sans caravanes, recevant environ 200 constructions précaires où vivent plus de 600 personnes qui s'organisent elles-mêmes, comme elles peuvent.
• que la municipalité relève, réguliérement une partie des déchets ménagers : ce qui est positif.
• que la scolarisation des enfants, grâce à l'intervention de quatre camions-écoles, est un pis aller très utile, qu'acceptent et attendent les familles, deux fois par semaine.
• que des aménagements et des limites d'utilisation seraient à définir en concertation avec les intéressés, en tenant compte des échecs mais aussi de l'expérience des villages d'insertion existant en Ile de France.
• que l'importance du nombre d'enfants exclut toute évacuation de force sans drame !
• que l'installation de familles là où, par le passé, était prévue une aire d'accueil et de stationnement pour voyageurs français, n'aurait rien d'aberrant.
• que l'on ne peut, sans cesse, refuser d'accueillir des ressortissants européens et se contenter d'exiger d'eux soit de quitter la France soit d'aller s'installer "ailleurs", c'est-à-dire n'importe où, (ce qui ne fait que déplacer les difficultés sans les résoudre).

Ce qui se passe à Sarcelles est exemplaire.

On y voit et on y comprend qu'on ne pourra pas laisser se dégrader une situation qui existe en maint pays d'Europe et pour laquelle, on peut utiliser des crédits existants au lieu de les laisser inemployés.
On y voit et on y comprend que les différentes sensibilités politiques sont à égalité dans leur manque de courage et de volonté politiques pour aborder des questions qui perturbent l'environnement local.
On y voit et on y comprend que la mobilité des Rroms les amène, pour s'adapter à des rejets permanents, à se regrouper rapidement pour tenter de résister ainsi aux évacuations forcées lesquelles ne règlent rien.
On y voit et on y comprend, enfin, que ne pas accepter que des Européens pauvres puissent vivre au milieu de nous est révélateur de notre incompréhension de l'état du monde, dès lors que l'Europe devient, pour les déshérités, une forteresse inapprochable et de l'extérieur et de l'intérieur, ce qui ne saurait durer.

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