lundi 21 mars 2011

Sucy en Brie : une action éclairante, un débat révélateur !

Il y a, parmi nous, deux minorités : celle des solidaires des Rroms et celle des adversaires. des Rroms Solidaires des hommes en difficultés ou adversaires des hommes qui ne vivent pas comme nous. Les uns soutiennent; les autres hurlent. Les troisièmes ... observent ! Au moment où s'expriment, dans les urnes, la peur et le rejet de l'autre, il est grand temps de comprendre que "ça commence avec les Rroms, mais après, à qui le tour... ?"

sucy-en-brie, hier. Le comité de soutien des Roms avait organisé   une journée portes ouvertes. Objectif ? Tenter de faire connaître la  situation de ces 34 personnes qui se retrouveront à la rue ce soir   apres avoir été accueillies par la paroisse Sainte-Jeanne.

À Sucy-en-Brie, des paroissiens aux militants syndicaux, les habitants se mobilisent pour venir en aide à des Roms. Les Roumains et les membres de leur comité de soutien ont manifesté ensemble, samedi 19 mars.

Sur le marché de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), samedi 19 mars, le bal des cabas a été dérangé par un inédit cortège : des habitants de la commune et des Roms ont défilé ensemble entre les étals, réclamant des mesures d'hébergement durable pour 34 étrangers qui vivent depuis deux ans, sur place, dans une extrême précarité.

La petite manifestation, qui visait à éveiller les consciences, n'a, de fait, pas laissé indifférent. Une centaine de personnes ont signé la pétition adressée à la mairie. Mais des invectives ont aussi fusé : " Qui c'est qui nous vole ? " ou " la France aux Français ! ".

Le Comité de soutien aux Roumains de Sucy n'émarge pas aux traditionnelles associations d'entraide. Ses membres ne sont pas des propagandistes chevronnés. Ils sont pharmacien, retraité de la banque, contrôleur de gestion, imprimeur, professeur des écoles ou négociant en vins, de gauche ou de droite. Des citoyens ordinaires, simples fidèles de la paroisse, qui ont noué des relations avec les squatteurs roumains. " J'ai appris à les connaître, raconte Blandine Lambert. Je me suis alors retrouvée non plus face à une abstraction, mais devant l'Homme. "

En novembre 2010, lorsqu'un arrêté d'expulsion a été placardé à l'entrée du terrain, les paroissiens ne sont pas restés les bras ballants. Les premières neiges ont hâté les résolutions. Elles ont fini de convaincre le Père Dominique Henry d'ouvrir, dans l'urgence, le relais paroissial Sainte-Jeanne, qui sert habituellement au catéchisme et aux activités des scouts. " Il aurait été scandaleux de laisser ces gens dehors dans le froid ", explique simplement le curé. Propriétaire du lieu, l'évêché a donné son accord.

Depuis lors, onze couples et douze enfants s'entassent dans les quatre pièces du petit local communautaire. Au mur, sont inscrits des plannings avec les noms des personnes chez qui les familles peuvent aller, en petits groupes, se doucher ou laver leur linge. Le comité apporte aussi un soutien scolaire aux enfants, se bat pour obtenir la scolarisation de ceux qui ne le sont pas encore.

Bravent-ils la légalité en aidant des étrangers en situation irrégulière ? " Je ne me suis jamais posé la question ", assure Jean-Paul Percher. " Si nous n'avions rien fait, il y aurait eu non-assistance à personnes en danger ", défend Patrick Angelvy. " Est-ce la chose la plus répréhensible en France que d'aider des gens à prendre des douches ? ", interroge Bruno Lambert. Depuis quatre mois, la cachette est, bien sûr, connue de la police, qui mène une surveillance discrète des activités du Comité.

Avec le temps, la mobilisation a largement dépassé le cadre confessionnel. Des hommes et des femmes de tous horizons ont rejoint le comité, du militant CGT à l'athée revendiqué. " Au sein des parents d'élèves, les opinions ont été très partagées. On nous a demandé pourquoi s'occuper de ces gamins plus particulièrement ", explique Gilles Coia, un responsable de la Fédération des conseils de parents d'élèves des écoles publiques (FCPE) qui a rejoint le comité. "Le côté composite de notre groupe fait sa force. On ne peut nous cataloguer. C'est un peu comme si Don Camillo et Peppone s'unissaient pour une cause ", assure Pierre Girard. Ce diacre refuse de mettre en avant ses valeurs chrétiennes : " J'ai simplement foi en l'homme. "

Mais aucune solution durable ne se dessine et la paroisse souhaiterait récupérer l'usage du local, début avril, pour ses activités. Formé de bonnes volontés, né de la nécessité, le Comité se retrouve dans une impasse juridique. Il s'est donc assuré le concours de militants plus aguerris, comme l'association Romeurope ou Amnesty International. François Taconet, responsable d'Habitats solidaires, une coopérative qui s'occupe d'hébergement social, propose de construire des bungalows en bois. Encore faut-il trouver le terrain et des aides publiques. " Ce n'est pas gagné ", reconnaît ce responsable, qui dénonce le côté " irrationnel " du débat sur les Roms.

La maire (UMP) de la commune, Marie-Carole Ciuntu, ne cache pas son embarras. " Il n'y a pas de solution qui se dégage ", admet cette élue, dont le père était lui aussi roumain. La présence des Roms exacerbe les passions chez ses 27 000 administrés et la maire oppose aux fermes admonestations du comité les plaintes du voisinage.

Elle rappelle que la commune recense déjà 300 demandeurs de logement social et compte deux autres camps illégaux sur son territoire. Elle redoute la création d'un " appel d'air ", comme cela a été le cas dans d'autres communes d'Ile-de-France. " Le comité de soutien est formé de gens de bonne foi, qui ont parlé avec leur cœur, mais qui ignorent le contexte général. La question des Roms est complexe et ne peut être résolue au seul niveau d'une commune ", plaide-t-elle.

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http://www.leparisien.fr/sucy-en-brie-94370/l-operation-seduction-des-roms-14-03-2011-1357219.php

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