jeudi 8 juillet 2010

Finira-t-on par les tuer ?




Jusqu'à quand va-t-on devoir hurler qu'il y a injustice et atteinte aux droits de l'homme ? La chasse aux Rroms est systématique, permanente, impitoyable et brutale. Les Rroms ont-ils, oui ou non, droit de circuler en France ? Si oui, peuvent-ils s'y arrêter ? Que ce soit à Saint-Denis ou à Neuville, la réponse est pire que si elle était négative !


L'hypocrisie doublée d'inhumanité tient en ce qui suit. Au lieu de dire, comme les Français d'extrême droite, membres ou non du Front National : "nous ne voulons d'aucun Rrom en France", on dit : "les Rroms sont des Roumains, qui ont les mêmes droits que d'autres Roumains" et c'est faux.

Les campements vidés, écrasés, détruits, ou simplement dispersés, sont, à présent, intransportables, non reconstructibles, non réinstallables ailleurs. Il n'y a pas le choix : ou bien on repart en Roumanie ou bien l'on se cache, on vit dans un semi-clandestinité, on fait de la résistance...




À ce vilain jeu, la force est du côté du droit... de propriété. Obéir à une décision de justice ne garantit pas qu'on puisse partir pour aller s'abriter ailleurs ! Non seulement, on ne peut rester là où l'on avait réussi à se regrouper, mais on ne peut aller nulle part ailleurs ! Aussitôt les services de police font opposition à une nouvelle installation !

Les élus, de quelque bord qu'ils se situent, acceptent cette extrême fragilisation car débarrasser le territoire communal d'une présence mal séante, crasseuse et indocile, satisfait les électeurs. Depuis des siècles, on a écarté ces populations inassimilables. On continue.

Les arguments des juges et autres bons apôtres sont bien connus. "S'ils n'ont pas les revenus qui permettent de vivre en France, que les Rroms repartent d'où ils viennent". "On ne peut occuper un espace boisé sans latrines et sans eau en y accumulant les déchets". "On ne peut encourager la mendicité"! "Sans emploi, on devient vite voleur, or les Rroms ne trouvent pas d'emplois"... Etc.

Quand on a comme seuls revenus les prestations familiales de la CAF, on a toutes les peines du monde à les garder et souvent on les perd. Les latrines ? Les sous bois et les "feuillées" en tiennent lieu. L'eau ? On va la chercher dans les cimetières, à une borne à incendie, dans la rivière. Les poubelles ? "Si on leur en donne, ils s'incrustent".

Jamais la question essentielle n'est posée : les Rroms peuvent-ils vivre en France et si, oui, comment peuvent-ils faire pour échapper à la plus totale précarité ? S'ils ne désobéissaient pas à nos lois et règlements, ils ne pourraient ni bouger ni s'immobiliser. On finit par fermer les yeux sur un arrêt improbable quand l'épuisement des familles est devenu dangereux, en attendant la prochaine procédure et la prochaine expulsion. Aucune proposition, aucune solution si ce n'est celle de l'OFII : partez, on vous paie le voyage, mais attention, si vous revenez, vous n'aurez plus droit à aucune prestation sociale.

Toutes proportions gardées, les Manouches et autres Gitans français, parmi les plus pauvres, sont, eux aussi ballotés dans nos sociétés imperméables à la la vie en habitat mobile. Les Roms, qui ne sont pas des "gens du voyage", sont plus durement rejetés et ne doivent qu'à leur adaptabilité de réussir à survivre (avec une espérance de vie de 15 ans moindre que la nôtre du reste) dans des bidonvilles constamment faits et défaits.

"Est-ce ainsi que les hommes vivent ?" Les enfants et les vieillards des campements éparpillés vont connaître, au cours de cet été 2010, pire que le froid de l'hiver, la canicule dont il est impossible de se protéger. Qu'aucune municipalité, aucun service public ne propose le minimum vital à des personnes menacées a quelque chose de violent que la société paiera au prix fort. Les enfants mal ou pas scolarisés deviendront des adolescents hostiles, voire délinquants. La santé publique souffrira de ces déplacements de personnes non soignées et pour certaines malades. Les réactions de défense des familles privées de tout seront asociales et agressives...

Le simple bon sens devrait faire penser qu'à chaque expulsion on déplace les causes des nuisances qu'on déplore ! On multiplie les lieux d'insalubrité. On rend de plus en plus difficile une vie sociale banale. La chasse aux Rroms est comme la chasse au renard, on croit toujours les avoir éloignés et on on les voit toujours revenir, aux portes des villes, en bordure des bois et fouillant dans nos poubelles.

Quand allons-nous admettre que les Rroms ne sont pas seulement des Toni Gatlif, des Django Reinhardt et des Gipsy Kings, mais des hommes, tout simplement des hommes ,qui n'ont pas à être traités comme des chiens.

On reconnait le niveau de démocratie à la façon dont elle traite les Rroms disait Vaclav Havel. Le niveau, en France, est au plus bas.



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