lundi 19 juillet 2010

Un Rom, un homme, n'est pas un lapin

Lapin  by Gotlib

En s'exclamant : "on ne tue pas un homme comme un lapin", une femme manouche, devant les caméras de la télévision, a dit pourquoi la colère des Voyageurs est si violente ! Mourir, à 22 ans, parce qu'on n'a pas obtempéré à un ordre de la gendarmerie est révoltant et que cela ne scandalise pas l'opinion révèle bien que nous admettons que notre police puisse tuer si on ne lui obéit pas !

Il existe assez de moyens sophistiqués pour identifier les occupants d'une voiture, les rechercher et les interpeller sans qu'il soit besoin d'ouvrir le feu !

Ce drame est inquiétant pour tous ! Le rôle de la police et de la gendarmerie consiste à nous protéger mais, comme le disaient des chansonniers au XIXe siècle, "qui nous protégera de la police ?".

Les Manouches, Gitans ou Roms (que certains journalistes nomment, à présent, la "communauté du voyage") en ont assez vu pour pouvoir dire, tout haut, ce qu'un nombre croissant de Français découvre, chaque jour, et reconnaît, tout bas : la dérive sécuritaire.

Car à vouloir mettre de l'ordre par la force on engendre le désordre. Ce n'est pas une nouveauté. L'histoire nous l'enseigne depuis longtemps, mais on ne veut pas en tenir compte sinon on casserai l'image de l'État fort...

Or l'État s'affaiblit et rien n'est plus dangereux qu'un pouvoir qui meurt. Les exécutants de la politique qui échoue sont entrainés dans des comportements brutaux, ou pire. Face à cela, des réactions, désespérées et violentes, font entrer la répression dans une spirale infernale. La vie de l'adversaire, devenu un ennemi, ne tient plus, alors, qu'à un fil. Nous entrons en guerre, une guerre de moins en moins "civile".

Ce qui s'est passé à Saint Aignan, mais il y a eu ces derniers temps d'autres "bavures", ne concerne pas que les "gens du voyage". Ce qui se passe, dans le même temps, à Grenoble, à "La Villeneuve", ce quartier hier exemplaire devenu centre de trafics et de misères, illustre aussi que le traitement quasiment militaire de la délinquance ne fonctionne pas. Il suffit du reste que le ministre Hortefeux, dit Boutefeu, s'exprime pour que la tension monte.



L'abandon de toute politique sociale ruine y compris la compréhension de la répression quand elle devient inévitable. Le sarkozisme "ça ne marche pas" comme disait VGE du socialisme...

Mais, par-dessus tout, se retrouve posée une question philosophique radicale : "peut-on tuer un homme comme un lapin" ? Les justifications de la violence d'État ont une limite : en 2010, on ne fait pas fonctionner les sociétés à coups de révolver ou même de taser. La France n'est pas un clapier.

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